le « BLITZ » est une cadence d’échecs très rapide où les joueurs ont 5 minutes ou moins pour jouer une partie.
le roi des échecs est un sans-abri. Autour des échiquiers du square de Dupont Circle, établis en plein air, Tom Murphy, 49 ans, a fait de son talent son gagne-pain.
Il professe sa science ou échange une partie pour quelques dollars et dort sur les bancs publics qui longent les tables d’échecs.
« Il a le rang d’expert, le deuxième titre le plus important après celui de +maître+ aux Etats-Unis. Cela veut dire qu’il est vraiment bon », indique à l’AFP le directeur d’un cercle d’échecs de la capitale, David Mehler.
Tom Murphy est une célébrité parmi les amateurs d’échecs et a fait de Dupont Circle le 2e parc d’échecs de plus haut niveau après celui de New York à Washington Square, selon des joueurs.
« Les équations mathématiques ont toujours exercé une fascination sur moi. Si vous ajoutez la camaraderie, l’ambiance, le fait d’être dehors, c’est quasiment irrésistible ! », lance Tom Murphy attablé à un des échiquiers du square, qui attirent aussi bien l’ivrogne que l’avocat, le médecin ou l’étudiant féru d’échecs.
Volubile et brillant, ce Noir américain, qui a grandi en Caroline du Nord et à Philadelphie – autre haut lieu américain des échecs -, a fait du blitz sa spécialité.
« L’attrait du blitz c’est que peut-être en deux ou cinq minutes je vais parvenir à faire le chef-d’oeuvre d’une vie », dit le joueur qui n’a pas son pareil pour enseigner avec éloquence l’art des échecs à partir de « quelques principes de base » qu’il décline ainsi: « La sécurité pour le roi, le combat pour le centre et à chaque pièce un job ».
« Au blitz, il est très fort. Il a un esprit ultra vif et voit les combinaisons très rapidement. Il calcule très vite », confirme David Mehler qui dirige à Washington l’US Chess Center, un cercle d’échecs qui enseigne le jeu depuis 15 ans dans les écoles des quartiers défavorisés.
Dans le passé, Tom Murphy a gagné plusieurs grands tournois. En 2005, il a terminé 15e du championnat du monde de blitz.
Il n’a pas toujours été sans-abri mais l’alcool et parfois la drogue l’ont entraîné dans la rue.
« La poursuite de l’ego et la poursuite de l’esprit entrent parfois en conflit », confie-t-il en guise d’explication. « J’ai un petit penchant pour l’alcool », reconnaît-il moins sibyllin, ajoutant qu’il suit les réunions des alcooliques anonymes. « Quand je ne bois pas, mon jeu est meilleur », assure-t-il.
Car Tom Murphy entend bien monter en grade dans la hiérarchie des échecs et atteindre le statut de « maître ».
Pour cela il doit s’engager dans des tournois renommés. « J’adorerais y aller et obtenir mon titre de +maître+ pour gagner en crédibilité et augmenter les tarifs de mes leçons », explique-t-il. « Il y a un grand tournoi prévu pour Thanksgiving (fin novembre) à Philadephie. Cela paraît très prometteur ».
Actuellement, le professeur de rue enseigne pour 20 à 30 dollars de l’heure, joue une partie pour 2 à 5 dollars. « Ceux qui sont +maîtres+ peuvent demander 50 dollars et les +grands maîtres+ 100 voire 200 dollars », rêve-t-il.