Rumeur 2 Jeu

NEW YORK (Reuters) – Le groupe américain Microsoft a présenté une offre non sollicitée de 44,6 milliards de dollars (30 milliards d’euros) pour racheter le spécialiste de l’internet Yahoo, ce qui leur permettrait de mieux concurrencer Google.

Un tel rapprochement constituerait la plus grosse opération dans le secteur depuis la fusion Time Warner-AOL en 2001, qui a depuis été un échec, notamment pour des raisons de différences de cultures d’entreprises.

                               

Microsoft, le numéro un mondial des logiciels, propose 31 dollars par action Yahoo, un prix payable en numéraire ou en titres qui représente une prime de près de 62% sur le cours de clôture de l’action Yahoo jeudi (19,18 dollars).

                               

L’action Yahoo gagnait plus de 56% en avant-Bourse à 30,75 dollars après l’annonce de l’offre, qui soutient également les futures sur indice de Wall Street. Le titre Microsoft, dont la capitalisation boursière avoisine les 300 milliards de dollars, perdait lui 6% à 30,78.

                               

Yahoo a déclaré que son conseil d’administration allait étudier rapidement cette offre et agir au mieux pour ses actionnaires.

                               

Les spéculations allaient bon train depuis au moins un an sur un tel projet de rapprochement, nombre d’investisseurs jugeant logique une alliance Microsoft-Yahoo face à la montée en puissance ininterrompue de Google.

                               

Le cabinet spécialisé comScore estime que Google détient 77% du marché des moteurs de recherche sur internet, contre 16% pour Yahoo et 3,7% pour Microsoft.

                               

Mais au-delà des moteurs de recherche, c’est évidemment le marché de la publicité qui motive les grandes manoeuvres stratégiques dans le secteur. Microsoft estime lui-même que le chiffre d’affaires de la publicité en ligne devrait atteindre près de 80 milliards de dollars, d’ici 2010, contre plus de 40 milliards en 2007.

                               

Mais le groupe souligne aussi que ce marché est “de plus en plus dominé par un seul acteur”, une référence transparente à Google.

                               

Yahoo regroupe plus de 500 millions de visites par mois, avec notamment Yahoo Mail, premier service de courrier électronique grand public mondial.

                               

Mais le groupe perd des parts de marché face à Google. Et lors de la présentation de ses derniers résultats financiers mardi, il a averti qu’il serait confronté à des “vents contraires” en 2008, tablant sur un chiffre d’affaires inférieur aux attentes de Wall Street, ce qui a fait fortement baisser son cours de Bourse le lendemain.

                               

Le groupe a annoncé jeudi que son président non exécutif Terry Semel quittait le conseil d’administration, ce qui rompt les liens officiels de Yahoo avec son ancien P-DG.

                               

Semel, à qui l’on fait crédit d’avoir donné un second souffle au groupe, avant de perdre la main, avait quitté son poste de P-DG en juin. Yahoo s’est laissé distancé ces derniers temps dans la publicité par Google et par l’émergence de sites communautaires comme Facebook et MySpace.

                               

AU MOINS UN MILLIARD DE SYNERGIES

                               

“Nous avons le plus grand respect pour Yahoo et, ensemble, nous pouvons offrir aux consommateurs, aux éditeurs et aux annonceurs une gamme de solutions encore plus attractive tout en nous renforçant notre position sur le marché des services en ligne”, déclare dans un communiqué Steve Ballmer, le directeur général de Microsoft.

                               

Microsoft précise avoir identifié quatre domaines susceptibles de générer des synergies qu’il estime à un milliard de dollars au moins par an pour le nouvel ensemble.

                               

Le groupe fondé par Bill Gates se dit prêt à coopérer “étroitement” avec la direction et le conseil d’administration de Yahoo. Il assure que l’opération obtiendra toutes les autorisations réglementaires nécessaires.

                               

Paul Mendelsohn, stratège investissement chez Windham Financial Services, estime qu’une telle opération fait sens. “Yahoo a bien du mal à concurrencer Google”, explique-t-il. “Pour ce qui est de savoir si le prix proposé est bon, je ne vois personne faire une offre supérieure à celle de Microsoft”.

                               

Tim Smalls, chez le courtier Execution LLC, est moins enthousiaste quant aux bénéfices d’un tel rachat: “C’est choquant! La prime me semble exorbitante dans un secteur en baisse. Je ne vois pas comment les synergies entre Microsoft et Yahoo vont leur permettre de lutter contre Google”.

                               

Certains observateurs soulignent aussi les différences entre la culture d’entreprise de Yahoo et celle de Microsoft, et ils font valoir leurs nombreux doublons, notamment dans la messagerie instantanée ou la publicité.

                               

“Je ne serais par surpris si cette offre était relevée à l’avenir”, estime de son côté Mark May, analyste chez Needham & Co. “Je pense qu’il y a des groupes comme Comcast ou Viacom et d’autres qui doivent encore se positionner face à l’émergence des médias en ligne et qui ne l’ont pas fait. Il y a donc clairement là d’autres sociétés stratégiques”.

                               

A Bruxelles, la Commission européenne s’est refusée à tout commentaire dans l’immédiat.

                               

L’exécutif européen a remporté l’an dernier un bras de fer juridique contre Microsoft, ainsi forcé de se conformer à l’ensemble des obligations qui avaient accompagné en 2004 une amende record de près de 500 millions d’euros imposée par la Commission pour abus de position dominante.

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