Rumeur 2 Jeu

Ceci est un article de Times Online et traduit par elbakin.

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Les mondes imaginaires connaissent en ce moment un grand succès cinématographique grâce à la magie des images de synthèse. Et l’adaptation de la trilogie de Philip Pullman A la Croisée des Mondes promet d’être un sommet.

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Avec ses sorcières, ses ours parlants et ses daemons (âmes humaines visibles sous la forme d’animaux), la trilogie pourrait avoir autant de succès que le Seigneur des Anneaux ou Harry Potter. Mais qu’est-ce qui fait que la vision de Pullman, ou celle de Tolkien, ou celle de JK Rowling, ont fait gagner du respect à leurs auteurs, mais aussi inspiré toutes les générations à les prendre pour modèle ? Pourquoi le mond de Lyra nous convainc-t-il, et pas l’Eragon de Christopher Paolini ? Et pourquoi les auteurs bâtissent-ils d’autres mondes quand l’univers réel est si intéressant et complexe, et quand les enfants ont besoin d’en savoir plus sur l’histoire, l’art et la géographie réels ?

Sally Gardner, l’auteur primé de I, Coriander, pense que cela a à voir avec le réconfort. Son héroïne échappe à une belle-mère puritaine et cruelle en vivant dans le monde de Faërie, alors qu’elle est enfermée dans un coffre, émergeant pour triompher de son adversaire alors qu’on la croit morte depuis longtemps. « Les mondes imaginaires sont un terrain de jeu pour l’esprit. Ils autorisent un enfant ou un jeune adulte à explorer les choses qui les inquiètent et les angoissent le plus, sans leur causer de préjudice », dit-elle.

Harry Potter – et le héros masculin de Pullman, Will – s’échappent dans des mondes parallèles quand ils font face à une tension ou un danger insurmontable. Et bien que Lyra et Will se séparent et retournent dans leurs mondes respectifs, quelques-unes des plus intéressantes parmi les nouvelles fantasies mettent en scène des protagonistes qui refusent de quitter le Pays de Nulle Part.

« Oui, nous avons besoin de cette ‘altérité’, dit Pullman. Pourquoi ? Peut-être parce que dans un monde inventé, nous pouvons éxagérer et isoler les choses sur lesquelles nous voulons écrire, de façon à ce qu’elles se détachent plus clairement, comme je l’ai fait avec le pouvoir religieux dans A la Croisée des Mondes. »
Les mondes imaginaires à succès posent des questions complexes sur l’identité et les choix moraux. Une critique récurrente est qu’ils sont trop manichéens : il n’y a pas de gentils orcs chez Tolkien. Mais les auteurs plus récents sont plus sophistiqués dans leur approche ; dans le monde de Rowling, des personnages bons deviennent souvent mauvais, et vice-versa. Les personnages de Pullman sont encore plus ambigüs, avec les parents égoïstes et ambitieux de Lyra, qui finissent par se sacrifier pour elle ; mais il n’y a pas de bons prêtres ou de gentilles nonnes. L’idée d’un monde parallèle (que ce soit le paradis, l’au-delà ou Faërie) est aussi vieille que le conte de fées lui-même, et le rendre original fait partie du plaisir de le créer.

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Un des romans de fantasy les plus marquants de cette année, Incarceron de Catherine Fischer, présente un monde complet qui est une prison, absorbant et régérérant la matière morte. La magie des fées futuristes d’Eoin Colfer doit autant à la technologie qu’aux sortilèges ; les sorciers de Rowling sont stupéfaits de ce que les “Moldus” ont pu réussir sans magie. Le héros de Sally Prue dans le Diseur de Vérité, qui voyage d’un monde magique au nôtre, est frappé par notre liberté. Voir notre propre monde à travers leur yeux nous fait réaliser ce qu’il a de si spécial.

Découvrir les différences constitue une grande part de l’intérêt. Le Disque-Monde de Terry Pratchett, qui n’est pas seulement un parallèle mais une satire du nôtre, s’oriente vers la modernité, étant donné que l’infrastructure d’Ankh-Morpork en a besoin (le livre le plus récent, Making Money, introduit les prêts et l’institution bancaire). Là où Tolkien se tournait vers les hauts faits et la chevalerie, les auteurs modernes tels que Pratchett, Colfer et Rowling s’attachent au présent. Le grand écrivain de fantasy Ursula Le Guin suggère une vaste histoire derrière un Terremer, quand des auteurs moins doués pataugent dans les petits détails.

Pour qu’un lecteur tombe amoureux d’un monde imaginaire, l’endroit doit avoir autre chose que des marées réglées par deux lunes ; cela dépend plus des personnages et de l’intrigue. Diana Wynne Jones, un des auteurs pour enfants les plus doués et les plus amusants, a écrit the Tough Guide to Fantasy Land en 1996, se moquant des ficelles usées du costume médiéval et de la superstition. Rien de cela n’a empêché des auteurs tels que Robin Hobb, Colfer ou Rowling de suivre ces archétypes, mais ils les ont renouvelés.

Mal tournée, la fantasy est plus risible que n’importe quel autre genre, peut-être parce que la ligne entre un comportement héroïque et le ridicule. Le succès n’est pas seulement une affaire de cohérence (Tolkien désespérait de C.S. Lewis quand celui-ci a introduit des mythes chrétiens tels que le Père Noël dans un monde de nymphes et de satyres). Un écrivain doué rend le trivial magique, et la magie triviale. Nous croyons à tout ce qu’ils racontent parce que la magie suprême est de nous faire croire que ce qu’ils décrivent est vrai.

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